Le Dr Jérémy BOUYER, malgré ses nombreux projets scientifiques a su offrir de son temps, ce vendredi 2 décembre 2016, aux élèves de secondes du Lycée Guebre-Mariam, tous engagés dans l’
Action Pédagogique « Les insectes et le réchauffement climatique ».
Photo de glossine / cliché O. Esnault
Lors d’une conférence dense en éléments scientifiques et fascinante par ses exemples, Le
Dr Jérémy BOUYER a présenté
la biologie et la distribution des glossines, plus connues sous le nom de
mouches tsé-tsé. En effet, les
modifications de l’environnement par l’Homme et le
réchauffement climatique ont des
conséquences sur l’écologie des insectes. Lorsque ces insectes comme les glossines sont des vecteurs de maladies graves comme la maladie du sommeil, l’évolution de la biologie et de la distribution des glossines représente
un enjeu contemporain pour les populations humaines notamment en Ethiopie.
La lutte contre les glossines fait partie de la «
campagne PanAfricaine de la lutte contre les Trypanosomiases ».

Cette lutte s’inscrit dans une
stratégie de développement durable en Afrique, en permettant : une protection du bétail servant à l’
alimentation, une meilleure
santé des populations humaines exposées à la maladie du sommeil et un développement de l’
agriculture en protégeant le bétail représentant une force de travail.
L’
étude des glossines est passionnantes puisqu’on la surnomme parfois la
« mouche intelligente » en lien avec ses capacités d’apprentissage. Son cycle de reproduction basé sur une
ovoviviparité est lui aussi peu banal. De plus, sa capacité à choisir des zones de repos, de chasse, de reproduction optimales et de les mémoriser ; est à l’origine d’un nouveau concept de milieu de vie : l’
ambit.
Photo d'un piège à glossine / cliché A.G.Mbaye
Il y a
5 espèces différentes de glossines en Ethiopie mais qui ne transmettent que les
trypanosomoses animales. Des
modifications de leur répartition sont notées avec une présence limitée à 1800m d’altitude qui est passée à 2000m. Des
études sur le terrain, près d’Arba-Minch, avec des systèmes de piégeage et de comptage ; associé à un
insectarium élevant des glossines permettant de produire des mâles stériles, font de l’
Ethiopie un des leaders africains dans l’application de méthodes d’éradication des populations de glossines.
La conférence s’est clôturée par un film permettant de comprendre le
rôle de la production d’insectes mâles stériles pour éradiquer des populations de mouches. Les concepts scientifiques complexes abordés, ont stimulé les élèves. Ainsi, une élève : Hortense, s’est portée volontaire pour résumer les idées du court film et expliquer la technique de l’insecte mâle stérile. Ensuite, plus de 15 min de questionnement ont instauré
une interaction dynamique avec l’entomologiste Jérémy BOUYER. Par exemple, l’élève Robera a formulé des questions pour clarifier
le lien entre la répartition des populations humaines et les populations de glossines. L’élève Noah est revenu sur
le fonctionnement des pièges à glossines et l’importance des couleurs bleue et noire dans l’attraction. Au fur et à mesure le rythme des questions s’est accéléré : «
Quelle est la taille de l’ambit (milieu de vie) d’une glossine (Mamadou) ? », «
L’éradication des mouches tsé-tsé (ou d’autres insectes dit néfastes) a-t-elle des conséquences négatives, en particulier sur la chaîne alimentaire (Bethel) ? »…
Le Dr Jérémy BOUYER a été séduit par l’
amphithéâtre du Lycée Guebre-Mariam si
propice à la réalisation de conférences et il a remercié les
élèves pour leur accueil, leur
attitude curieuse et rigoureuse lors de sa présentation. Une intéressante coopération vient ainsi de naître et va se poursuivre avec la visite de l’insectarium d’Addis-Abeba ainsi que l’exploitation en classe des données de la conférence.