jeudi 19 janvier 2017

Qu’est-ce que le nagana ?

Article rédigé par: Brook Tamrat, Abiy Wondwossen et Amanuel Adane

Introduction :

Chien infesté par Trypanosome Congolense après un voyage en Afrique de l'Ouest
La trypanosomiase animale africaine ou nagana qui signifie "faiblesse" en zoulou, est une maladie parasitaire transmise par la mouche tsé-tsé, que l'on trouve en Afrique Subsaharienne. Cette maladie parasitaire est causée par plusieurs espèces de trypanosomes, notamment par Trypanosome Brucei mais aussi par Trypanosome Congolense et Trypanosome VivaxDans un premier temps nous allons étudier l'origine du nagana et les populations affectés ensuite nous verrons les symptômes du nagana et leurs conséquences et enfin la lutte contre le nagana.

I. L'origine du nagana et les populations affectés

En 1894, David Bruce découvrit la maladie des animaux domestiques (cheval, mule, âne, bœuf, chien, chat etc.) connue en Afrique Subsaharienne sous le nom du nagana; il reconnut, en effet, qu'elle était due à un Trypanosome existant dans le sang des animaux malades, Trypanosome Brucei; elle est invariablement fatale chez le cheval, l'âne et le chien; quelquefois guérissable chez les Bovidés.
Représentation schématique d'un trypanosome montrant
les différentes parties du micro-organisme. La flèche indique le sens
dans lequel le trypanosome se déplace. 


Les éléments constitutifs d'un trypanosome sont 
     a. le corps 
     b. le noyau 
     c. le flagelle
     d. la membrane ondulante
     e. le cinétoplaste






L'effet du nagana varie selon l’espèce et la race.
Elles touchent principalement les bovins, en particulier les zébus qui ne peuvent être élevés dans l’aire de répartition des glossines ; les taurins trypanotolérants (Baoulé, N’Dama, etc.) supportent mieux l’infection et développent des formes chroniques. Ovins et caprins sont souvent moins touchés que les bovins.
Espèce
Animaux affectés
Nature de la maladie
Trypanosome brucei
Chevaux, chiens, bovins, porcs, moutons, chèvres.
Chez les bovins et les porcs l'affection est bénigne et l'auto guérison fréquente.
Trypanosome congolense
Chevaux, bovins, moutons, chèvres, porcs, chiens.
Généralement infection chronique sévère, souvent fatale. La maladie peut parfois être aiguë. Les porcs sont moins affectés.
Trypanosome vivax
Bovins, moutons, chèvres, rarement chevaux.
Grandes variations selon les souches, de l'infection chronique débilitante sans issue fatale jusqu'à une affection sévère entraînant la mort en dix jours.
Tableau 1 : Trypanosomes et trypanosomoses

II. Les symptômes du nagana et leurs conséquences

Les symptômes généraux du nagana sont exposés dans le Tableau 1. Les différentes espèces de trypanosomes produisent différentes affections chez les animaux d'élevage, mais on les classe toutes sous le terme trypanosomose. Les infections mixtes existent, avec des tableaux cliniques variables.             
Symptômes du nagana chez le bétail
Un bœuf infecté s'amaigrit peu à peu. Le poil prend un aspect rêche et hirsute caractéristique, la peau des côtes et du bassin est tendue ayant perdu l'élasticité de la peau d'un animal en bonne santé. Il peut y avoir des sécrétions oculaires, allant du larmoiement abondant avec photophobie (réflexe d'évitement de la lumière e fermant les yeux) à l'apparition de croûtes au bord interne des paupières. Ceci est particulièrement typique de l'infection à Trypanosomes vivax, qui peut aussi engendrer le gonflement des ganglions lymphatiques superficiels. Le toupet de la queue peut tomber, mais ce symptôme est variable, plus fréquent chez les jeunes animaux.
Les signes de la maladie apparaissent 11-21 jours après une piqûre infectante avec de la fièvre et de brusques poussées de température. Ces dernières sont dues à une augmentation du nombre de trypanosomes dans le sang, suivie de la destruction de bon nombre de parasites et d'un retour à une température normale. L'animal devient apathique, il traîne en arrière du troupeau, ne s'intéresse plus à son environnement, ses oreilles et sa queue pendent mollement et il ne réagit plus aux piqûres d'insectes. La fin de la destruction des parasites correspond à la "crise", quand, une fois les anticorps produits, une grande quantité de protéines des trypanosomes est libérée dans la circulation sanguine. La mort coïncide souvent avec une crise. La gravité de la trypanosomiase peut dépendre de l'état général de santé de l'animal domestique qui est frappé. Un animal bien nourri et reposé résiste mieux à la maladie qu'une bête mal nourrie, surmenée gravide, atteinte d'autres maladies ou soumise à tout autre type de contrainte.
En conséquence, le coût économique de la maladie est considerable. On estime que le nagana réduit le nombre de têtes de bétail de 10 à 50% et la production agricole de 2 à 10%. À l'échelle du troupeau, la production de viande est réduite de 5 à 30% et la production de lait de 10 à 40%. Enfin le coût annuel des traitements du bétail s'élève à plus de 30 millions d'euros. 

III. La lutte contre le nagana

Depuis des décennies, les scientifiques cherchent à éradiquer le nagana, par tous les moyens: pulvérsations massives d'insecticide, piégeage dans des fillets imprégnés ou stérilisation de mâles relâchés ensuite dans la nature.  Mais ces techniques, à l'efficacité variable, ont un coût élevé et des effets pervers. À Nairobi, des chercheurs de l'Icipe ont eu une autre idée. Observant que les waterbucks, sorte de grosses antilopes, n'étaient pas piqués, ils ont cherché à savoir pourquoi. "Nous avons découvert que leur odeur très forte repoussait les mouches tsé-tsé; même les lions ne s'en approchent pas! ", raconte Rajunder Kumar Saini.  L'équipe a donc recréé en laboratoire un produit imitant l'odeur du waterbucks, ainsi qu'un petit réservoir métallique pour l'accrocher par un collier au cou des vaches. "C'est un peu comme si on déguisait les vaches en waterbucks ", explique le chercheur. Testé à large échelle sur 1500 vaches grâce à un financement de l'Union européenne, le produit s'est avéré extrêmement efficace avec une diminution de 90% des cas.  Par rapport aux autres techniques, le collier présente beaucoup d'avantages, argumente Rajinder Kumar Saini. " C'est un système mobile et individuel, simple d'emploi. " Lesbergers nomades, si présents dans ces régions, peuvent en équiper leurs troupeaux.  

En absence de vaccin contre la maladie, la lutte intégrée contre le nagana passe par le contrôle de ses vecteurs (les mouches tsé-tsé), soit la lutte antivectorielle contre les mouches tsé-tsé.

La lutte chimique



Pulvérisation d'insecticides autrefois réalisée dans les gîtes à glossines au sein des foyers du nagana. Méthode abandonnée en raison des risques environnementaux liés à l'épandage de pesticides.


           Elle revêt differentes formes.
Épandage d'insecticides par hélicoptères pour couvrir rapidement de grandes surfaces (galeries forestières) lors d’épidémie du nagana. Méthode également abandonnée en raison du coût et des risques environnementaux.


La lutte antivectorielle nécessite une parfaite connaissance de la biologie et de l'écologie du vecteur.

La lutte écologique

Lutte pour éviter les contacts avec les glossines, la destruction des gîtes, l'utilisation de pièges.





Utilisation d'écrans attractifs imprégnés d'insecticides(de piège biconique) pour la recherche et la lutte contre les glossines.



La lutte biologique

Utilisation des parasites naturels suivie d'une phase de suppression par lâchers aériens de mouches mâles stériles.


La lutte intégrée

La lutte intégrée consiste à utiliser ces différentes méthodes en combinaison ou en succession, en adaptant la stratégie à chaque situation particulière. A noter que l'utilisation de pièges ou d'écrans imprégnés d'insecticides non seulement limite la pollution par les pesticides, mais est aussi à la portée des communautés villageoises, donc durable.
Conclusion :
Le nagana représente la première maladie à transmission vectorielle chez le bétail en Afrique subsaharienne. Il fait de nombreuses victimes et nous oblige à essayer de lutter contre cette maladie infectieuse. Pour cela, de nombreuses techniques sont applicables mais tous n’ont pas la même efficacité et donc constituent encore de nos jours un obstacle majeur au développement.

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